Le Monde 12 novembre 1969 [M. Bourguiba a prononcé un discours accablant ]
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Le Monde 12 novembre 1969 [M. Bourguiba a prononcé un discours accablant ]
M. Bourguiba a prononcé un discours accablant pour M. Ben Salah - 1969
Le Monde 12 novembre 1969
M. Bourguiba a prononcé un discours accablant
pour M. Ben Salah
Tunis. – M. Ahmed Ben Salah, qui, en même temps que le soutien de son parti, a perdu mardi son siège de député, ne conserve rien de ce qui fit son influence au sein du gouvernement tunisien après le discours accablant que lui a consacré lundi M. Habib Bourguiba : il avait oublié « que le parti, avant d’être socialiste, est destourien ».
C’est au cours de la cérémonie de prestation du serment constitutionnel, qui s’est déroulé, en raison de la maladie du président, au palais de Carthage, que le chef de l’Etat à tenu à prendre la parole. Les observateurs ont pu alors constater l’amélioration constante de l’état de santé de M. Bourguiba, qui laisse prévoir la guérison proche, et ils ont retrouvé dans le geste impérieux de la main et le regard percutant le Bourguiba que tout le monde connaît. Les paroles prononcées confirmaient d’ailleurs l’impression qu’il a retrouvé une totale maîtrise.
« je sais, a-t-il dit aux députés, que vous n’êtes plus que cent au lieu de cent un. Je voudrais vous parler d’Ahmed Ben Salah. Comme je vous l’ai dit à Bizerte, je continue d’assumer les fonctions de ma charge, et je suis parfaitement au courant de son expulsion du parti ».
Après avoir indiqué que le bureau du parti socialiste destourien avait décidé cette expulsion parce qu’il avait eu connaissance de faits et de documents préjudiciables à la Tunisie, le président Bourguiba a reproché à M. Ben Salah d’ « agiter des slogans creux empruntés à un socialisme fumeux »
« Déjà, a-t-il dit, en 1955, alors que nous ne disposions pas de l’appareil de l’Etat, que la Tunisie n’était pas indépendante, que les troupes étrangères étaient présentes sur notre territoire et que nous n’avions pas même dénoncé les accords douaniers, il a tenté de faire prévaloir ses vues socialistes au nom de la lutte des classes, soulevé les ouvriers contre les patrons, incité les travailleurs à la grève, risquant d’interrompre les activités agricoles, le trafic maritime. Il avait perdu de vue que l’U.G.T.T(Union générale des travailleurs tunisiens) est avant tout une organisation du Destour ».
M. Bourguiba ajouta qu’à l’époque M. Ahmed Ben Salah, « qui lui avait paru un élément brillant », lui avait semblé récupérable et qu’il avait pris lui-même la responsabilité de lui donner sa confiance et son appui, puis de l’associer à des responsabilités de plus en plus larges.
« Une course effrénée vers l’abîme »
Revenant à ces dernières années, il dénonça « la démagogie de l’action entreprise par son ministre de l’économie », et pour suivit : « Les pays amis, et notamment la France, les ambassadeurs accrédités en Tunisie, les observateurs, les correspondants de la presse internationale, ont fini par se convaincre que la Tunisie était engagée dans une course effrénée vers l’abîme. On multipliait les avertissements à notre intention. Des organismes étrangers qui nous accordent leur assistance nous ont adressé des mises en garde dont certains ministres et hauts fonctionnaires de la nouvelle formation ont eu connaissance. Pendant ce temps, préoccupé par mon état de santé, je pensais que nous allions vers le développement ».
Après avoir déclaré que le devoir de tout responsable était de dire la vérité en pareil cas, et que seul l’un d’entre eux, en demandant à l’époque à être déchargé de ses fonctions, avait laissé percer sa désapprobation (allusion au ministre des finances), le chef de l’Etat, parlant de la révision de la politique engagée depuis huit ans, a ajouté : « Il était temps, nous étions à deux doigts de la catastrophe… Le pays était au bord du soulèvement.
« En fait, je ne vois pas, ajouta-t-il, quel profit Ahmed Ben Salah responsable de nos malheurs, aurait tiré de son entreprise démagogique ».
Rappelant que le Destour a subi des crises multiples, qu’il a toutes surmontées, M. Bourguiba ajouta qu’il espérait que M. Ben Salah « Reviendrait à de meilleurs sentiments ». Ce qui semble indiquer, comme le laissait aussi à penser le libellé du communiqué du bureau politique, que l’ancien ministre a refusé de se livrer à une autocritique à laquelle d’autres se sont pourtant soumis avant lui, ou, en termes destouriens, de « reconnaître ses erreurs ».
Nouvelles Critiques de M. Bahi Ladgham contre M. Ben Salah
Tunis (A.F.P) – « Il est criminel qu’un homme, par sa mauvaise foi, par l’improvisation qui caractérise ses actes, par les buts personnels inavouables qu’il poursuit, détruise en quelques mis une œuvre chèrement acquise et jette le pays tout entier au bord de l’abîme », a déclaré M. Bahi Ladgham, premier ministre tunisien, faisant allusion à M. Ahmed Ben Salah, ancien ministre du Plan, de l’économie et de l’éducation nationale.
M. Ladgham, qui parlait au cours d’un meeting populaire près de Bizerte, a ajouté : « Il faut reconnaître que la maladie du chef de l’Etat a crée un grand vide qui a fait naître des espoirs sordides dans le cœur d’un quarteron de responsables ambitieux. On a pensé que l’heure de la curée allait sonner. On voulait droguer le peuple pour en faire la victime facile d’un sombre dessein. Quarante années d’une épopée prestigieuse menée par Bourguiba devaient sombrer dans les miasmes d’une escroquerie sans précédent ».
De notre correspondante Christiane DARBOR
Le Monde 12 novembre 1969
M. Bourguiba a prononcé un discours accablant
pour M. Ben Salah
Tunis. – M. Ahmed Ben Salah, qui, en même temps que le soutien de son parti, a perdu mardi son siège de député, ne conserve rien de ce qui fit son influence au sein du gouvernement tunisien après le discours accablant que lui a consacré lundi M. Habib Bourguiba : il avait oublié « que le parti, avant d’être socialiste, est destourien ».
C’est au cours de la cérémonie de prestation du serment constitutionnel, qui s’est déroulé, en raison de la maladie du président, au palais de Carthage, que le chef de l’Etat à tenu à prendre la parole. Les observateurs ont pu alors constater l’amélioration constante de l’état de santé de M. Bourguiba, qui laisse prévoir la guérison proche, et ils ont retrouvé dans le geste impérieux de la main et le regard percutant le Bourguiba que tout le monde connaît. Les paroles prononcées confirmaient d’ailleurs l’impression qu’il a retrouvé une totale maîtrise.
« je sais, a-t-il dit aux députés, que vous n’êtes plus que cent au lieu de cent un. Je voudrais vous parler d’Ahmed Ben Salah. Comme je vous l’ai dit à Bizerte, je continue d’assumer les fonctions de ma charge, et je suis parfaitement au courant de son expulsion du parti ».
Après avoir indiqué que le bureau du parti socialiste destourien avait décidé cette expulsion parce qu’il avait eu connaissance de faits et de documents préjudiciables à la Tunisie, le président Bourguiba a reproché à M. Ben Salah d’ « agiter des slogans creux empruntés à un socialisme fumeux »
« Déjà, a-t-il dit, en 1955, alors que nous ne disposions pas de l’appareil de l’Etat, que la Tunisie n’était pas indépendante, que les troupes étrangères étaient présentes sur notre territoire et que nous n’avions pas même dénoncé les accords douaniers, il a tenté de faire prévaloir ses vues socialistes au nom de la lutte des classes, soulevé les ouvriers contre les patrons, incité les travailleurs à la grève, risquant d’interrompre les activités agricoles, le trafic maritime. Il avait perdu de vue que l’U.G.T.T(Union générale des travailleurs tunisiens) est avant tout une organisation du Destour ».
M. Bourguiba ajouta qu’à l’époque M. Ahmed Ben Salah, « qui lui avait paru un élément brillant », lui avait semblé récupérable et qu’il avait pris lui-même la responsabilité de lui donner sa confiance et son appui, puis de l’associer à des responsabilités de plus en plus larges.
« Une course effrénée vers l’abîme »
Revenant à ces dernières années, il dénonça « la démagogie de l’action entreprise par son ministre de l’économie », et pour suivit : « Les pays amis, et notamment la France, les ambassadeurs accrédités en Tunisie, les observateurs, les correspondants de la presse internationale, ont fini par se convaincre que la Tunisie était engagée dans une course effrénée vers l’abîme. On multipliait les avertissements à notre intention. Des organismes étrangers qui nous accordent leur assistance nous ont adressé des mises en garde dont certains ministres et hauts fonctionnaires de la nouvelle formation ont eu connaissance. Pendant ce temps, préoccupé par mon état de santé, je pensais que nous allions vers le développement ».
Après avoir déclaré que le devoir de tout responsable était de dire la vérité en pareil cas, et que seul l’un d’entre eux, en demandant à l’époque à être déchargé de ses fonctions, avait laissé percer sa désapprobation (allusion au ministre des finances), le chef de l’Etat, parlant de la révision de la politique engagée depuis huit ans, a ajouté : « Il était temps, nous étions à deux doigts de la catastrophe… Le pays était au bord du soulèvement.
« En fait, je ne vois pas, ajouta-t-il, quel profit Ahmed Ben Salah responsable de nos malheurs, aurait tiré de son entreprise démagogique ».
Rappelant que le Destour a subi des crises multiples, qu’il a toutes surmontées, M. Bourguiba ajouta qu’il espérait que M. Ben Salah « Reviendrait à de meilleurs sentiments ». Ce qui semble indiquer, comme le laissait aussi à penser le libellé du communiqué du bureau politique, que l’ancien ministre a refusé de se livrer à une autocritique à laquelle d’autres se sont pourtant soumis avant lui, ou, en termes destouriens, de « reconnaître ses erreurs ».
Nouvelles Critiques de M. Bahi Ladgham contre M. Ben Salah
Tunis (A.F.P) – « Il est criminel qu’un homme, par sa mauvaise foi, par l’improvisation qui caractérise ses actes, par les buts personnels inavouables qu’il poursuit, détruise en quelques mis une œuvre chèrement acquise et jette le pays tout entier au bord de l’abîme », a déclaré M. Bahi Ladgham, premier ministre tunisien, faisant allusion à M. Ahmed Ben Salah, ancien ministre du Plan, de l’économie et de l’éducation nationale.
M. Ladgham, qui parlait au cours d’un meeting populaire près de Bizerte, a ajouté : « Il faut reconnaître que la maladie du chef de l’Etat a crée un grand vide qui a fait naître des espoirs sordides dans le cœur d’un quarteron de responsables ambitieux. On a pensé que l’heure de la curée allait sonner. On voulait droguer le peuple pour en faire la victime facile d’un sombre dessein. Quarante années d’une épopée prestigieuse menée par Bourguiba devaient sombrer dans les miasmes d’une escroquerie sans précédent ».
De notre correspondante Christiane DARBOR
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