Les églises en Tunisie

Salut Bernard  elle était jolie l'église d'Oued Zarga , est ce que vous pouvez nous raconter un peu de  vos souvenirs d'Oued Zarga. j'en suis un peu curieux ( si cela ne vous déragez pas)

Bonsoir Othman,

Oui, bien sûr... Puisque cela vous intéresse, et peut-être d'autres personnes aussi...
Il me faut juste un peu de temps pour y penser... Difficile de résumer toute cette histoire en quelques dizaines de lignes..
Mais je le ferai ...
Bonne soirée

Bernard

moi aussi je suis curieux

Mes souvenirs, dont je vais rapporter quelques éléments, se rapportent aux années 40-55 , autant dire une époque révolue à divers titres. Pour moi, cela reste très présent ; mes racines sont là-bas….

Mon père était agriculteur. Notre ferme n’était pas dans la plaine, là où il y avait la petite gare sur la ligne Tunis–Alger, une épicerie (un djerbien très probablement..) , la poste, l’église, et quelques maisons. Un tout petit village, qui n’existe plus, noyé sous les eaux du barrage de Bou Salem.

Notre ferme était dans les collines, à 12 kms du bourg d’Oued Zarga, au bout d’une piste qui, en hiver, quand il pleuvait, était fort boueuse et difficilement praticable.

Nous étions tout près des villages de Chaouach et Toukabeur. Toukabeur, remarquable pour 2 raisons au moins. A l’époque romaine, c’était un archevêché : Tuccabor ; il reste de cette époque romaine deux très modestes arcs de triomphe, ou portes monumentales, aux trois quart enterrées. Et par ailleurs, également aussi sur le territoire de Chaouach, il y a de fameuses haouanets, chambres funéraires creusées dans le roc, que l’on suppose d’époque phénicienne.

Ce passé romain a été très présent dans notre vie. En effet, mes parents se sont installés dans cette ferme un peu avant 1930. En défrichant profondément, mon père a mis au jour des vestiges romains : un morceau de colonne, une frise simple qui représentait un homme et un cheval, 2 ou3 lampes à huile, 1 ou 2 sortes de pots avec anse appelés oenochoés, et une meule de moulin à huile..
Ces objets et cette meule lui a fait penser qu’autrefois, a l’époque romaine, il y avait là une exploitation agricole, ce que les romains appelaient une villa, et que l’on y cultivait l’olivier.
De ce fait, avec l’aide d’un voisin retraité qui avait été expert en culture de l’olivier, il a planté une olivette de 30 ha. Et ces arbres ont très bien poussés. C’était très novateur pour cette région du nord de la Tunisie, où il n’y avait pas d’olivier. Et cette olivette a si bien prospéré que 8 ans après, mon père en a planté une autre…

Quand j’y suis retourné, beaucoup plus tard, des voisins avaient suivi cet exemple…




Cette photo des années 50 montrent l'environnement, les oliviers ; on aperçoit les toits de la ferme en contrebas..

(à suivre...)

Bernard

Merci beaucoup Bernard pour cette belle histoire d'un enfant qui se rappelle encore de tous les moments de son petit blèd natal, nchallah quand je trouverai la moindre occasion j'irai visiter votre village et voir les oliviers de votre père. Encore merci

Beyday a écrit:J'ai obtenu d'un érudit fort sympathique cette photo qui montre l'église d'Oued Zarga en 1947, portant encore les stigmates de la guerre ...
Document intéressant...



Bernard

Salut Bernard, le dernier week end j'etais aux ardènnes France, j'ai passé par un petit village qui s'appelle Éteignières , mon regard a été attiré par une église qui ressemble à celle d’Oued Zarga, j'avais quand même pris quelques photos dont voilà deux

Bonjour Othman,

Merci de cette attention...
Oui en effet, il y a de grandes similitudes dans l'architecture de ces deux églises simples..
Un certain nombre des églises de Tunisie sont d'ailleurs, plus ou moins, de cette facture simple...
Et de France aussi, dans les petits villages et quand elles ont été construites à la fin du 19ème ou au début du 20éme.
Celle de Oued Zarga date de 1928.
Bien cordialement.
Bernard

Cette deuxième partie de mes souvenirs racontés içi concerne la guerre du printemps 1943, à Oued Zarga.

Brièvement, le contexte : suite au débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie en novembre 42 (Opération Torch), les allemands, présents notamment en Sicile, ont immédiatement envoyés des troupes en Tunisie pour empêcher les Alliés d’en prendre le contrôle, craignant, ce qui est arrivé par la suite, une poursuite de l’offensive alliée vers la Sicile et l’Italie, voire les Balkans.
Les allemands se sont portés vers l’Ouest, pour contrer les Alliés. Le premier affrontement a eu lieu à la mi-novembre à Medjez el Bab, entre des troupes françaises et les allemands. Je passe les détails ; durant l’hiver, les combats se sont quasiment arrêtés à cause de la pluie, la boue, etc… Ils ont repris à la mi-février.

Et j’en viens à notre ferme : les allemands avaient lancé une offensive, et on a vu leurs soldats arriver à pied par les collines derrière la ferme ; ils se sont installés chez nous, dans notre maison et les autres bâtiments de la ferme. Dans notre maison, ils nous ont juste laissé une pièce et la cuisine.. Tout le reste est devenu un hôpital de campagne, et mes parents racontaient qu’ils entendaient les blessés gémir, et les médecins allemands leur ordonner de se taire..

En réalité, moi-même j’ai peu de souvenirs, j’avais 2 ans ½ mais quand même quelques scènes se sont imprimées :
Mon père avait fait creuser une sorte d’abri, une caverne dans le flanc d’un oued proche (200m) de la maison. Quand il y avait des combats, des bombardements alentour, et que l’on avait le temps, on courrait s’y mettre à l’abri. Je garde le souvenir vivace d’une course folle, dans les bras de mon père, au milieu de la nuit, avec au dessus de nous des éclairs , des éclatements, pour aller à la caverne.
Une autre fois, nous étions dans la cuisine, qui n’était séparée du patio voisin, où se tenaient les allemands, que par une porte vitrée. J’avais un petit fusil en bois, jouet d’enfant, et le prenant dans mes petites mains, je me suis dirigé vers la porte menant au patio en disant bien fort : Je vais tuer les allemands… J’ai été violemment rattrapé par mon père, secoué fortement… !! Innocence enfantine…

En fait, nous étions sur la ligne de front, tout près du lieu de combats importants entre anglais et allemands, connu sous le nom de LongStop Hill (voir Google), pour le contrôle le vallée de la Medjerdah, et donc de la route vers Tunis.

Les allemands ont commencé à reculer, et les anglais ont pris leur suite chez nous. C’était moins périlleux…

Mon frère, plus âgé de 9 ans que moi, se souvient de combats aériens au dessus de la ferme, d’éclats d’obus tombant sur le toit en tôle de la maison.
Il dit n’avoir jamais eu peur, que c’était une sorte de jeu.. Privilège de l’innocence enfantine !!

Nous avons eu beaucoup de  chance, peu de dégâts à la ferme, pas de victimes…
Alors que nous étions au milieu des combats, des bombardements…
La Providence nous a préservés…

Quelques mois après la reddition allemande, de lourds véhicules militaires spécialisés sont venus emporter les carcasses de chars, d’avions, qui parsemaient les champs…

(à suivre...)

Bernard

C'est intéressant ce que vous racontez, vivement la suite.

Merci Bernard , c'est très intéressant et j'en suis très reconnaissant

Bonjour
Je reviens, après des années (ya rasra...!!) sur ce forum, et ce sujet qui m'avait beaucoup intéressé..Le temps a passé..!!
Et je vois que beaucoup de photos d'églises ne sont plus là..
Que s'est-il passé ?

Otman, c'est toujours vous qui pilotez le site ?
Quoiqu'il en soit, salutations à tout le monde !!

Bernard